Intérêt des compléments alimentaires dans l’infertilité masculine

Je vous partage ici le résumé du mémoire que j’ai présenté pour l’obtention du Diplôme Universitaire “Biologie, clinique et thérapeutique de la stérilité” au CMCO (Faculté de médecine de Strasbourg).
Il est un peu technique, mais il permet de bien cerner l’état des lieux à l’heure actuelle et en particulier comment booster la fertilité masculine avec les compléments alimentaires.

L’infertilité affecte environ 15% des couples en âge de se reproduire. L’infertilité masculine est responsable de 20 à 30% des cas d’infertilité. Les moyens d’améliorer la qualité du sperme sont limités ; parmi ceux-ci, la complémentation micronutritionnelle est un outil intéressant. En effet, les revues d’études cliniques mettent en évidence son importance sur la fertilité, de même que celle de la nutrition de manière générale.
Ainsi, plus de 50% des patients essayent les compléments alimentaires aux vertus dites améliorantes de la fertilité pour augmenter leurs chances de concevoir. De nombreuses études cliniques et revues systématiques ont en effet mis en évidence que les micronutriments, en particulier les antioxydants, diminuent significativement le stress oxydant dans le sperme et donc les dommages oxydatifs subis par les spermatozoïdes des hommes infertiles. Ce stress oxydant, pouvant résulter de différentes causes, provient d’un déséquilibre entre les espèces réactives de l’oxygène (EROs) et les antioxydants exogènes et endogènes. A l’heure actuelle, la coenzyme Q10, le sulfate de zinc, les oméga 3, le sélénium, la L-carnitine et la N-acétylcystéine détiennent un niveau de preuve 1B quant à leur intérêt pour améliorer les paramètres spermatiques. D’autres composés sont prometteurs, tels que les vitamine du groupe B, la vitamine C, la vitamine D, la vitamine E mais aussi le calcium, le magnésium et bien d’autres. Ils permettent notamment de protéger la membrane plasmique et l’ADN du spermatozoïde du stress oxydant, de préserver sa mobilité, sa morphologie et ses fonctions.
Chez les patients présentant des indices de fragmentation de l’ADN spermatique et de décondensation de la chromatine spermatique élevés, il semblerait que le soutien du cycle endogène méthionine-homocystéine-glutathion soit plus pertinent que l’utilisation d’antioxydants forts.

Certaines limites de la complémentation micronutritionnelle de l’homme infertile sont soulevées ; il faudrait notamment prendre en compte la globalité de l’hygiène de vie du patient, mais aussi son génotype et son phénotype, qui peuvent en limiter l’efficacité. Les impacts de cette complémentation sur l’épigénome spermatique, et leur transmission à la descendance, sont encore peu connus et méritent notre attention. En outre, la personnalisation et l’optimisation du traitement pourraient être réalisées grâce à l’élaboration de tests de routine qui n’existent pas encore à l’heure actuelle. Il serait également idéal que l’automédication cède le pas à une prise en charge nutritionnelle et micronutritionnelle élaborée par un professionnel de santé.
Les compléments alimentaires sont donc un traitement peu intrusif, avec peu d’effets secondaires et au coût raisonnable, permettant d’améliorer la qualité du sperme en termes de paramètres spermatiques et par conséquent les résultats de l’AMP en termes de taux de grossesses et de taux de naissances vivantes.

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